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N° 351 du Canard Enchaîné – 21 Mars 1923

N° 351 du Canard Enchaîné – 21 Mars 1923

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21 mars 1923 : Pierre Bénard signe sa première “expédition” dans Paris

Des dunes du Sahara aux pavés de la capitale, le Canard enchaîné s’amuse du culte du progrès

Après la “Traversée du Sahara” par Citroën, Le Canard enchaîné salue, le 21 mars 1923, un exploit autrement périlleux : la “Traversée de Paris”. Sous la plume déjà irrésistible de Pierre Bénard, le jeune journaliste transforme la prouesse coloniale en odyssée urbaine burlesque. Ironie d’époque : ce pastiche du grand reportage célèbre moins l’audace mécanique que la mécanique absurde du progrès.

96 députés de moins, dessin à la une de Varé – Aristide Briand, dessin de Dukercy

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

En mars 1923, la France s’enivre de modernité. L’expédition Citroën “Haardt-Audouin-Dubreuil”, après avoir traversé le Sahara sur autochenilles, fait la Une des journaux. L’entreprise est célébrée comme une victoire du génie français, de l’industrie et du colonialisme réunis. Mais dans Le Canard enchaîné du 21 mars 1923, un jeune chroniqueur prometteur, Pierre Bénard, s’empare du sujet pour le retourner contre lui.

Sous le titre faussement triomphal « Après la Traversée du Sahara, la mission Haardt-Audoin-Dubreuil réussit la Traversée de Paris », Bénard signe l’un de ses premiers textes dans le Canard. Il en fait un chef-d’œuvre de dérision patriotique : même ton d’épopée, même solennité journalistique, mais appliquée à la jungle des boulevards parisiens. Là où les explorateurs Citroën affrontaient le sable et le désert, les héros de Bénard combattent les pavés, la circulation et la bêtise administrative.

Le récit, structuré en “journées” comme un carnet d’expédition, imite à la perfection le style emphatique des grands reportages coloniaux publiés dans Le Matin ou L’Illustration. “8h16 — Nous allons nous engager. Nous savons les difficultés qui nous attendent. Mais nous avons le cœur ferme.” Puis, plus loin : “Nous approchons de la Bastille. De hautes murailles nous encerclent. Sale pays !” Ce jeu de décalage est typique du Canard : il suffit d’inverser le point de vue pour que le sérieux tourne au ridicule.

Les “aventuriers” parisiens affrontent ainsi les mêmes obstacles que leurs homologues sahariens : embouteillages, travaux, barrières, fonctionnaires tatillons… “Nous regardons la carte. C’est indiqué : Faubourg Saint-Antoine.” Le simple trajet d’un bout à l’autre de la capitale devient un voyage initiatique, ponctué d’incidents dignes d’un roman d’aventures. À l’arrivée, la mission salue l’exploit “qui prouve qu’on peut désormais rejoindre Paris par voiture — du moins en autochenille”.

Derrière l’humour, c’est toute une critique sociale et médiatique que Bénard met en marche. En ridiculisant la “Traversée du Sahara”, il attaque le discours colonial triomphaliste qui envahit alors la presse. L’aventure technologique sert d’alibi à la conquête économique, et Citroën, déjà, se rêve en bâtisseur d’empire motorisé. Bénard, lui, voit surtout une mascarade chauvine où le désert devient décor publicitaire.

Son ironie vise aussi le fétichisme du progrès, cette foi aveugle dans la machine et la vitesse que les journaux de l’époque érigeaient en dogme national. “Nous progressons lentement, mais nous espérons. Nous le réconfortons de notre mieux.” — une phrase qui, lue au premier degré, aurait pu sortir d’un communiqué du ministère.

C’est dans cette satire de l’“héroïsme motorisé” que se reconnaît déjà le futur grand styliste du Canard. Pierre Bénard — qui, deux décennies plus tard, deviendra l’une des plumes les plus fines et humanistes du journal — trouve ici son ton : celui de la fausse épopée pour vrai rire, où la solennité du langage administratif se heurte à l’absurdité du réel.

Un siècle plus tard, la Traversée de Paris reste un petit bijou d’humour canardesque : moquerie légère mais précise, qui ramène l’héroïsme à sa juste dimension — celle d’une virée dans les bouchons.

Et Bénard, déjà, traversait autre chose : le désert du sérieux journalistique.