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N° 638 du Canard Enchaîné – 19 Septembre 1928

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Les ministres selon Bénard : un gouvernement “technique” pour rire
Pierre Bénard, “L’entrée de M. Chéron dans le cabinet prouve que nous aurons bientôt un gouvernement de techniciens”, Le Canard enchaîné, 19 septembre 1928



Le 19 septembre 1928, Le Canard enchaîné s’amuse du remaniement Poincaré : Henry Chéron entre au gouvernement, et voilà que la France se doterait d’un “gouvernement de techniciens” ! Dans un pastiche hilarant de communiqué ministériel, Pierre Bénard dresse la liste fantaisiste d’un cabinet imaginaire — du “Zouave Philippe” aux “Travaux publics : de Wendel”. Sous couvert d’ironie, le Canard épingle une République à bout de souffle, où la politique se fait entre initiés et où la “technocratie” devient prétexte à tourner en rond.

M. Cherron, ministre du commerce, dessin de Guilac.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
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En septembre 1928, la France s’ennuie ferme en politique. Raymond Poincaré, revenu aux affaires depuis 1926, dirige un gouvernement d’union nationale censé redresser les finances après les crises du franc. Mais deux ans plus tard, la Troisième République s’enlise dans les querelles de portefeuilles. C’est ce contexte que Le Canard enchaîné transforme, sous la plume de Pierre Bénard, en une charge irrésistible contre le culte du “gouvernement de techniciens”.

Le prétexte ? L’entrée au cabinet de Henry Chéron, vétéran du radicalisme modéré, promu ministre du Commerce. “Il nous semblait bien qu’il manquait quelque chose au gouvernement”, écrit Bénard avec un sérieux feint. “Maintenant on sait : c’était M. Henry Chéron.” Dès la première phrase, le ton est donné : l’ironie s’installe dans le pli administratif du style officiel. Le journaliste joue sur le tic de langage du Matin et des journaux gouvernementaux, où chaque remaniement est présenté comme un progrès décisif pour la nation.

Mais le Canard inverse la logique. L’arrivée de Chéron ne complète pas une équipe : elle en souligne le ridicule. “Pour ce qui est de la vie chère, c’est ce qu’on pouvait trouver de mieux”, raille Bénard — allusion directe à la réputation du ministre, ancien secrétaire d’État à l’Agriculture, connu pour ses promesses creuses en matière de coût de la vie.

Le cœur de l’article, savoureux, est un faux communiqué ministériel. Sous prétexte d’avoir “trouvé dans la poche d’un rédacteur du Matin la composition du nouveau ministère”, Bénard dresse la liste de ministères parodiques :
– Finances et change : Zouave Philippe ;
– Guerre et canons : Schneider (du Creusot) ;
– Justice et évasions : Bougrat ;
– Pétrole : Henry Bérenger ;
– Légion d’honneur : Ruptie ;
– Travaux publics : de Wendel...

En quelques lignes, la satire devient féroce. Les “techniciens” qu’on prétend célébrer sont, en réalité, les puissants de l’industrie, de l’armée et de la finance — ceux qui tiennent déjà les leviers de la République. Derrière la fantaisie des noms (de Wendel, Schneider, Hispano-Suiza), le Canard vise la collusion entre pouvoir politique et intérêts économiques.

Le style de Bénard, faussement léger, repose sur une mécanique précise : le mimétisme du discours officiel, détourné par une logique absurde. Les formules sont copiées-collées du jargon journalistique de l’époque (“une haute personnalité de la présidence du Conseil nous a confirmé...”), mais leur contenu devient de plus en plus délirant. Ainsi, le “portefeuille aux techniciens” est censé répondre au “dégoût de la politique” — ironie grinçante d’un journal qui, semaine après semaine, démontre que la technique ne sauvera pas la République quand c’est la morale qui fait défaut.

Le dernier trait, typique de Bénard, clôt l’article avec un coup de bec : “Quant à ceux qui ne sont pas contents, on leur enverra M. Chiappe.” Ce rappel à l’ordre par le préfet de police incarne la violence douce du pouvoir : quand on ne peut plus convaincre, on fait taire.

Au-delà de la plaisanterie, cette chronique de 1928 dit beaucoup de l’époque. La France croit conjurer ses crises politiques en vantant la compétence des “experts”. Un siècle plus tard, la formule n’a pas pris une ride. Et comme le rappelle le Canard, un gouvernement “technique” reste avant tout une formidable machine à tourner en rond — mais proprement.