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N° 728 du Canard Enchaîné – 11 Juin 1930

N° 728 du Canard Enchaîné – 11 Juin 1930

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11 juin 1930 — Quand Mistinguett devient “monument historique”

Pierre Bénard et Guilac classent le Paris des chansons

Après la butte Montmartre, le gouvernement Tardieu veut “classer” les gloires parisiennes : Mistinguett, Chevalier, Cécile Sorel… Dans Le Canard enchaîné, Pierre Bénard transforme cette folie bureaucratique en bijou d’humour. Entre satire du pouvoir et hommage au vieux Paris, le chroniqueur et Guilac signent une page tendre et mordante où la star des Folies Bergère devient patrimoine national.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
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Le gouvernement décide de classer à leur tour les vieilles gloires parisiennes

Le 11 juin 1930, Le Canard enchaîné place à sa une un texte signé Pierre Bénard intitulé « Le gouvernement décide de classer à leur tour les vieilles gloires parisiennes ». Sous un titre qui parodie le langage administratif, l’auteur s’amuse à tourner en dérision la manie du gouvernement Tardieu de « classer » tout ce qui bouge — monuments, sites, institutions — et jusqu’aux figures les plus populaires de la capitale. Illustré par un dessin de Guilac montrant une Mistinguett flamboyante échangeant un cocktail et des sourires avec le chroniqueur lui-même, l’article condense tout l’esprit du Canard : irrévérence, satire et tendresse pour ce Paris de la légende qu’on prétend mettre sous cloche.

Tout part d’un fait réel : quelques jours plus tôt, le gouvernement venait de classer la butte Montmartre parmi les sites protégés. Une décision patrimoniale justifiée par la crainte d’y voir pousser des usines — mais qui, aux yeux de Bénard, résume l’absurdité d’un pouvoir obsédé par les symboles et déconnecté de la vie. Sitôt la colline “classée”, s’amuse-t-il, voilà que “les gloires de Paris” — Maurice Chevalier, Mistinguett, Cécile Sorel — risquent à leur tour de disparaître, “partant pour le pays des dollars ou celui des pachas”. Qu’à cela ne tienne : l’État veillera à leur conservation, tout comme il protège les vieilles pierres.

Dans cette comédie bureaucratique, chacun se voit attribuer son rang dans le « classement général » : Mistinguett « tête de série », Chevalier « monument national du sourire », Sorel « en parfait état de conservation ». Les personnages réels défilent sous la plume de Bénard, pris dans une fantaisie administrative qui rappelle les meilleurs pastiches du Canard des années 1920. L’humour repose sur un jeu de renversements : on “classe” les artistes comme on classe des façades, on “protège” les chanteuses des architectes américains, et l’on “restaure” les sourires comme on repeint les moulures de l’Opéra.

Sous la légèreté, la satire politique est bien présente. Le journaliste raille la « politique du classement » de Tardieu, symbole d’un État bureaucratique qui veut régenter jusqu’à la joie de vivre parisienne. Derrière la plaisanterie sur les « vieilles gloires », il y a un constat : la France de 1930, frappée par la crise économique mondiale, s’accroche à ses icônes populaires comme à des repères rassurants. Mistinguett et Chevalier incarnent alors ce Paris exportable, celui du music-hall, de la chanson, des paillettes et du charme frivole — dernier refuge d’un optimisme que la politique, elle, n’assure plus.

Bénard, fin observateur des mutations sociales, dresse ainsi un portrait ironique de la France d’entre-deux-guerres : un pays qui “classe” pour ne pas changer, qui célèbre ses artistes tout en les figeant dans un décor de carte postale. Dans sa conclusion, il élargit encore la farce : on classera aussi « la pipe de M. Herriot », « la loyauté de M. Briand » et « la cravate blanche de M. Laval ». L’inventaire à la Prévert devient un inventaire de la vanité politique.

À travers Mistinguett, Bénard chante encore le vieux Paris, celui des lumières et des refrains, mais il y glisse une note mélancolique : « Nous les avons gardés, nos gloires, et Paris a perdu son sourire. » Le rire du Canard est ici à double fond — joyeux en surface, mais empreint d’un sentiment d’adieu à une époque.